Déclaration de l’Association des Bibliothécaires Adjoints de France lors de l’entrevue avec Monsieur Alluin, Conseiller auprès du Ministre de l’Éducation nationale, à Paris, le 7 juin 2001.

Intervenantes : Christine Lemoing et Elisabeth Mathis

L’Association des Bibliothécaires Adjoints de France tient à vous faire part du bilan qu’elle tire de la création du corps d’Assistant de Bibliothèques le…vendredi 13 avril 2001… !
Nous sommes là pour vous exprimer le sentiment (ou le ressentiment) des bibliothécaires adjoints (BA) formulé en termes de :

Déqualification

Déconsidération

                                                            Humiliation

·       Déqualification  : vous avez changé le métier de 600 personnes,

-         fait fi de nos compétences pour nous imposer des tâches qui, bien que toutes aussi nécessaires et utiles que les nôtres à la bonne marche d’une bibliothèque, n’ont jamais été celles des BA.

-         Autant sommes-nous à notre place dans nos tâches actuelles, autant ne le sommes-nous absolument pas pour celles imposées par le décret du 13 avril 2001.

Avez-vous bien mesuré ce que cela signifie en termes de coût en formations nécessaires, et de désorganisation des services ?

·        Déconsidération : vous méconnaissez totalement le contenu de notre métier. Mais cela importe-t-il d’éliminer d’un trait de plume tout un corps de fonctionnaires  . Avez-vous la moindre idée de ce qu’est le travail en bibliothèque ?

·       Humiliation : pour pouvoir continuer à exercer notre métier, vous nous demandez de repasser un « examen professionnel-concours » avec des épreuves identiques à celles que nous avons passées voici 5, 10, 20 ou 30 ans.

Cette réussite passée et des années d’expériences n’ont-elles aucune valeur ? Faut-il rappeler que le corps de Bibliothécaires Adjoints Spécialisés (BAS) a été créé en fonction des tâches qu’exerçaient déjà les BA et que ceux-ci sont de ce fait plus que qualifiés pour être intégrés sans condition, ni délai dans ce corps jumeau ?

Les corps BA et BAS sont, de par leur histoire et leur tâches, destinés à fusionner. Quand le comprendrez-vous enfin ?

En conséquence :

Pour riposter à ce décret injuste, Nous, Bibliothécaires Adjoints, allons donc appliquer à la lettre notre nouveau statut d’Assistant de Bibliothèques avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur le fonctionnement des services.

Nous avons suivi des stages, d’excellente qualité et très coûteux, permettant la mise en place du Sudoc, et du SI-BNF, dans la continuité de l’évolution de notre métier, mais maintenant leur alimentation se fera de manière ralentie :

Et donc le Sudoc, ce système, aboutissement et reflet de la politique documentaire des bibliothèques universitaires françaises depuis 20 ans, merveilleuse vitrine offerte à nos voisins européens, joyau technologique, va s’essouffler faute d’alimentation …

Nous avons donc averti nos collègues de la communauté universitaire (étudiants et chercheurs) des difficultés qu’ils allaient rencontrer. Leurs réactions ? Ils nous soutiennent et partagent le sentiment de dégoût et de répugnance que votre mépris a engendré.

Vous nous avez donné le sentiment (en paraphrasant Pierre Sansot, mais lui est profondément respectueux des groupes qu’il étudie) d’être des Bibliothécaires de peu et l’humiliation ressentie est extrêmement vive.

Nous ne passerons pas à nouveau ce pseudo examen professionnel pour continuer à exercer notre métier.

Quel est donc le décret de la République prévoyant que les fonctionnaires doivent, pour maintenir leur emploi, repasser le même concours que celui qui a servi à leur recrutement ?

Nous demandons : LE PASSAGE DE TOUS LES BA EN BAS SANS CONDITIONS NI DELAIS

 Les BA doivent légitimement fusionner avec les BAS.
Satisfaire ces revendications légitimes n’irait aucunement à l’encontre de votre exigence de simplification administrative et ce serait la reconnaissance des compétences des BA.

C’est la 2ème fois en 10 ans que nous avons le sentiment de nous faire gruger. D’où la création d’une association de défense, l’ABAF, le recours au Conseil d’Etat pour excès de pouvoir,…

Enfin,

· Il n’y a ni obstacle budgétaire : coût de notre passage en BAS 300 000F

·  ni obstacle légal  et fonctionnel à l’intégration directe de 600 BA en BAS pas plus qu’il n’y en a eu pour l’intégration de 120.000 Instituteurs dans le corps de Professeur des écoles et pour les 1500 PEGC intégrés annuellement depuis 1993.

Contrairement à ce que vous avez laissé supposer, nous ne sommes pas des gens de rien : et au delà nous sommes, de toute évidence… des citoyens… !

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